Claudio Monteverdi's L'incoronazione di Poppea
Opéra National du Rhin, Strasbourg
30th April 2005
(English translation below)
Le public de cette Première strasbourgeoise n'a pas découvert exactement le même spectacle que celui de Paris lors des représentations du Théâtre des Champs Elysées, cet automne. Il s'agit bien de la mise en scène controversée de David McVicar, poursuivant en quelques sortes les facéties romaines qu'il présentait dans son Agrippina de Händel, mais la distribution a changé, de sorte que le travail de direction d'acteurs est légèrement revisité, à la rencontre d'êtres différents.
Si la conduite de René Jacobs proposait en octobre une variété de couleurs d'une richesse quasi orgiaque, celle de Rinaldo Alessandrini réduisait l'instrumentarium au strict minimum – un continuo de cinq instrumentistes du Concerto Italiano et six musiciens de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse dans le tutti -, accompagnant avec rigueur et discrétion un plateau auquel il appartenait de véhiculer à lui seul toute la sensualité évoquée par l'ouvrage.
C'est d'ailleurs sa propre transcription des manuscrits napolitains et vénitiens de L'incoronazione di Poppea que le chef italien jouait, tel qu'il s'en est expliqué dans son livre sur Monteverdi. Nous n'entrerons dans aucune polémique en ce qui concerne l'approche imaginée par McVicar ; incontestablement, il s'agit d'un travail cohérent qui va jusqu'au bout de ses propres prédicats, amenant un résultat efficace et divertissant.
Les rôles bénéficiaient d'une distribution équilibrée dont on retiendra principalement sept prestations, à commencer par celle de Miah Persson qui donne une Poppea fort expressive, servie d'un timbre égal et d'un chant toujours bien mené ; remarquons que la voix s'est élargie, de sorte qu'elle offre aujourd'hui une ampleur assez inhabituelle au répertoire baroque, et qui laisse présager une autre orientation de carrière dans les prochaines années.
Nerone était chanté par le vaillant Jeremy Ovenden, au timbre clair. On put apprécier le contreténor Andrew Watts dans la nourrice de l'Impératrice, et s'étonner d'une telle puissance sonore, assez rare pour ce type de voix. De même le ténor Jean-Paul Fouchécourt campait-il Arnalta, la nourrice de Poppea, avec un brillant sens de la scène, tout en nuançant délicatement son chant.
Très engagées dans le jeu, Cristina Zavalloni (Drusilla) et Francesca Provvisionato (Octavia) entretinrent une théâtralité absolue, malgré quelques soucis dans le placement de leur voix. Enfin, Andrea Concetti nourrissait Seneca d'un legato magistral.
Bertrand Bolognesi
Translation by Alastair Disley
The audience of this Strasbourg première did not experience exactly the same performance as that in Paris during its run at the Theatre des Champs Elysées last Autumn. It is indeed David McVicar's controversial production, continuing the sorts of Roman jokes with which he presented his Händel's Agrippina, but with the staging changed, so that the position of actors is slightly revisited, with different meetings being contrived.
If Rene Jacob as conductor in October gave a variety of colors of a quasi-orgiastic richness, Rinaldo Alessandrini reduced the instrumentation to the bare minimum - a continuo of five instrumentalists from the Concerto Italiano and six musicians of the Mulhouse Symphony orchestra for the tutti, who accompanied with rigour and discretion leaving him only to convey the sensuality evoked by the work.
The Italian conductor played from his own transcription of the Neapolitan and Venetian manuscripts of L'incoronazione di Poppea, as explained in his book on Monteverdi. We will not enter any debate about the approach imagined by McVicar; undoubtedly as a coherent work within these constraints, the result is an effective and diverting approach.
The roles benefited from a balanced distribution which retained seven main positions, firstly that of Miah Persson who provided a very expressive Poppea, with a consistent timbre and a voice that carried well; her voice has noticeably broadened, so that it currently offers a rather unusual breadth for the Baroque repertoire, and one predicts a change of career direction in forthcoming years.
Nerone was sung by the valiant Jeremy Ovenden, with a clear timbre. One could appreciate the counter-tenor Andrew Watts as the Empress's nurse, and be astonished by his powerful sound, particularly rare for this type of voice. In the same way the tenor Jean-Paul Fouchécourt as the camp Arnalta, nurse of Poppea, had a brilliant sense for his scene, while delicately controlling his song.
Cristina Zavalloni (Drusilla) and Francesca Provvisionato (Octavia) were very engaging in the play and maintained an absolute theatricality, despite some concerns about their vocal placement. Finally, Andrea Concetti nourished Seneca with a masterly legato.
Bertrand Bolognesi
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